Les Hivernales: 10ème édition

Le préambule

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A l’échelle microscopique : les fronts perlent de sueur, les aisselles sont moites, les cœurs s’emballent, le combattant ne dévie pas son regard une seule seconde de celui de son adversaire. Face à face, la bataille mentale a déjà démarré avant d’être rapidement suivie par la lutte physique. Les échanges de poings se font sans répit au centre du ring sous le regard attentif de l’arbitre qui tente de garder son calme malgré la férocité du combat. Le premier compétiteur prend le dessus avant de se faire rattraper expéditivement par son antagoniste. Les batailles ne se gagnaient que périodiquement, et le retentissement du gong qui annoncera la fin de la guerre devra attendre l’accomplissement des trois rounds.

A l’échelle macroscopique : à l’occasion de sa 10ème édition, le festival « Les Hivernales » a organisé une bataille de « feuille-caillou-ciseaux » plein-air devant la salle communale de Nyon dans un petit ring de boxe rouge construit à cette occasion. Sous le regard amusé des spectateurs, la « Street Chifoumi Battle » se poursuivait pendant qu’on pouvait entendre des éclats de rire provenant de petits groupes qui se formaient pour partager un sandwich-raclette pour combler un petit creux, ou prendre une bière comme préambule aux festivités: de quoi retenir la foule qui s’impatiente à l’idée de découvrir les performances hip-hop prévues pour cette soirée.

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Une fois à l’intérieur, on se retrouve face à une autre battle. La cérémonie est menée cette fois par Dj Cellski qui permet aux danseurs de performer leur art sur un set rap b-boy. Ces derniers s’enchaînent alternativement à une vitesse fulgurante émerveillant les membres du public qui les avaient encerclés.

 

Slum Village

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La fin des hostilités annoncée, les concerts pouvaient commencer. Le premier groupe annoncé: le duo de Détroit qui répond au nom de Slum Village. Très rapidement, on ressent l’ambiance qui nous provient directement de l’âge d’or du hip-hop. Il faut évidemment noter la présence sonore que le légendaire producteur J-Dilla a laissé au groupe en tant qu’ex-membre fondateur. Les instrumentales criblées de samples jazz ou soul sont accompagnées des voix de T3 et Young RJ qui n’ont aucunement perdu de leur talent. Le public a pu assister à un concert tout à fait convaincant qui a ouvert une porte temporelle que les fans de hip-hop des années 90 ont empruntée sans hésitation.

 

Jazzy Bazz

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Dans un show qui s’est fait dans une sobriété surprenante, Jazzy Bazz nous a rappelé que ses compétences ne s’arrêtaient pas aux rafales de punchlines balancées dans la série « Rap Contenders ». Quel que soit le type de rap que ce dernier nous propose, son flow est irréprochable: en passant par le boom-bap traditionnel qui a trouvé ses origines dans les années 90 à des sonorités plus modernes ou plus « trap » à 120 BPM, le rappeur parisien sait gérer les différences de tempos tout en calant parfaitement ses textes rédigés soigneusement.

 

GZA

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La tête d’affiche allait finalement arriver. GZA, membre fondateur du légendaire Wu-Tang Clan, a connu de nombreuses années de succès, notamment avec le très largement acclamé premier album du groupe intitulé 36 Chambers, ou encore avec son album solo intitulé Liquid Swords. Les Hivernales ont rendu possible la venue de l’un des pères fondateurs du hip-hop, ce qui ne se fait que très – très – rarement à Nyon. En ce qui concerne la performance, le rappeur n’a jamais été reconnu comme ayant une personnalité excentrique et particulièrement énergique à l’image d’autres rappeurs plus énergiques et plus abordables. C’est donc avec regret – bien que prévisible – que nous avons retrouvé un GZA relativement introverti, calme et timide, n’interagissant que peu avec son public. Cependant, ce dernier possède toujours cet aura inimitable qui aura su envouter une génération d’adeptes de musique rap, d’une époque où l’écriture de paroles sensées se fusionnait aux instrumentales construites à partir de samples d’artistes mystérieux.


Le festival « Les Hivernales » était de retour pour sa 10ème édition. Avec une organisation irréprochable, le public a pu profiter d’un menu copieusement fourni. Plus particulièrement, en ce qui concerne la line-up de la soirée hip-hop qui a eu lieu le 1er mars, le festival a su nous régaler. Du old-school au rap moderne, tout a été couvert, ce qui nous a offert un panorama rapide et très large de l’histoire du genre et nous a permis la découverte sur scène des artistes consciencieusement choisis.