auteur anonyme


Le temps. Le temps est une conception de l’esprit au même titre qu’il est une réalité. Ce qui permet d’expliquer en partie pourquoi il nous semble parfois être si angoissant.

Le temps qui passe nous inquiète, car il nous ramène aux moments que l’on ne connaîtra plus, ou nous fait apparaître ceux que l’on ne connaîtra jamais. Mais le temps figé est pareillement terrifiant. Dans les moments d’angoisse ou de tristesse, le temps nous semble s’arrêter. Nous sommes persuadés que ce temps de la peine et de la douleur ne passera jamais. À l’inverse, nous aimerions que ce même temps passe plus vite, afin qu’il emporte avec lui ces peines et ces douleurs.

Le temps est pourtant bien réel. Il est même relatif. Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse au sol que 20 kilomètres au-dessus, par exemple. Ce qui fait que le temps que nous projetons dans notre esprit est dans le même temps en affrontement avec le temps de notre univers. Les jours défilent réellement. Le soleil se lève, puis se couche. La lune fait de même. Les saisons défilent sous nos yeux, de notre enfance à aujourd’hui. Comment alors l’appréhender ?

Un sage dicton dit que « le temps est votre ami et non pas votre ennemi ». C’est une leçon que l’on tache d’apprendre chaque jour. Mais ce travail n’est pas simple. C’est un travail de longue haleine, qui dure parfois toute une vie, tant notre perception du temps s’est quasiment toujours limitée à cette opposition du « trop lent » ou « trop rapide ». Cependant, lorsque j’observe attentivement cette question, un semblant de réponse semble pourtant se dessiner sous mes yeux. Et cet élément est en réalité assez simple : la nature.

La nature qui nous entoure est un élément vivant. Ce qui lui donne une caractéristique commune à nous autres, individus. La nature n’est, elle, en revanche, pas angoissée par ce temps qui passe. Elle l’accueille naturellement, comme une feuille tombant de l’arbre pour repousser par la suite. Et il est vrai que lorsque l’on s’arrête quelques minutes, pour observer un paysage qui nous émeut, qui nous dévoile sa beauté, un coucher de soleil, un arbre aux feuilles jaunis par le printemps, une montagne parsemée d’animaux, une forêt, le temps semble se mouvoir en un accord parfait. Ni figé, ni trop rapide. Simplement calme, apaisant. Comme il devrait être. Comme si cette nature nous dévoilait au mieux la perfection d’un instant, la perfection d’un temps que l’on arrive enfin à prendre naturellement.

Le silence de cette nature nous parle. De sa voix réconfortante, elle nous guide, nous raconte comment, depuis la nuit des temps, le temps défile, le temps avance, mais comment ce processus est naturel, et même beau, pour qui réussit à le capter. Capter ce temps n’est de loin pas chose aisée. Ce n’est souvent que par intermittence que nous y arrivons. Mais rappelons-nous de ces intermittences si belles et si paisibles, qui font que le temps, à la fois figé dans l’instant présent, semble durer une éternité.