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Snoop Dogg – Doggystyle

Doggy Street

Cela faisait des années que je roulais ma bosse dans les rues de Los Angeles. J’étais devenu un vieux loup solitaire, arpentant le bitume de la grande Cité des Anges. Cette ville m’était aussi familière qu’un appartement dans lequel j’aurai vécu toute ma vie. J’y avais ma chambre, mon salon, ma cuisine et mes toilettes, toutes les pièces éparpillées dans cet immense logement à ciel ouvert. Je connaissais les rues et les portes d’immeubles. Les shops de fringues et les restaus chinois. Les beaux quartiers et les ruelles délabrées. Les riches et les pauvres. Les chauffeurs de taxi et les curés. Les fast-foods et les hôtels cinq étoiles. Le quartier asiatique, portoricain, jamaïcain, congolais, antillais, français, irlandais. Je connaissais les coiffeurs et les putes. Je connaissais les terrains de basket et les vinyles shops. Les cinémas, le métro, les théâtres. Je voyais des vieux, des jeunes, des bébés, des coiffures afros et des crânes chauves. Des pieds nus et des mocassins. Des poubelles débordantes et des hortensias. J’ai vu des flingues, des téléviseurs, des avions s’envoler. J’ai vu des tags, j’ai vu les éboueurs les effacer.

J’affectionnais tout particulièrement le quartier chinois. Déjà parce qu’il y’avait du monde. Ensuite, pour la bouffe. Ça sentait fort les nouilles sautées aux bœuf et le canard braisé. La friture et l’huile coulaient sur les trottoirs, et les pelures d’oignon noircissaient à la fumée des égouts. Ça criait fort dans ces ruelles. J’avais une petite minette qui m’attendait souvent de ce côté, vers Grafton Street, à la fin de la ruelle, entre le restaurant de Monsieur Lee et le vendeur de journaux afghan. Quand j’avais fini avec elle ma petite affaire, je longeais la Garden Street jusqu’au quartier irlandais. Là, après avoir dépassé le Ashton Pub, je m’arrêtais pour pisser un coup, régulièrement accompagné par un ou deux irlandais au bide rebondi, la chope à la main. J’arrivais alors au quartier Jamaïcain. Ici, la musique sonnait fort. On voyait les jeunes filles se faire arranger leurs tresses par les coiffeuses de rues. On sentait l’odeur du poulet mariné et du riz aux épices. On entendait certaines mamies s’engueuler par les fenêtres ouvertes des immeubles de la rue. Des vendeurs passaient, poussant leur chariot remplis de chapeaux et de chemises en tout genre. Je me postais alors devant la boutique de Joey, et j’observais cette petite vie agitée du quartier de ma ville.

C’est ici que venait souvent me rejoindre quelque connaissance du quartier. Ils venaient me voir, me parler quelques minutes. Ils voulaient me suivre, me demandaient des tuyaux sur deux ou trois bons restaus du coin ou sur un bled où rencontrer des filles. « Laisse-nous venir avec toi. T’es toujours tout seul, un peu de compagnie, ça peut pas te faire de mal ». Moi, je les laissais parler. Je les écoutais pas vraiment en réalité. J’aimais pas bien la compagnie. Je préférais zoner seul. J’avais ma ville à qui parler et écouter, et ça me suffisait bien.

En fin de journée, je montais alors vers le pont Vincent-Thomas. De là, j’avais une vue extraordinaire sur les monts Santa Monica. Quand le soleil commençait à décliner, les traces rosées de ses rayons laissaient sur la pointe des montagnes leur duvet fin et léger. L’odeur du sable chaud descendait de la crête des sommets, et enveloppait ma ville d’une douce et lourde chaleur. Les amoureux traversaient le pont, main dans la main, à la lueur du crépuscule qui doucement s’installait. Les premiers clochards apparaissaient, et alors, quittant le pont, je les suivais quelques instants avant de rejoindre ma niche. Elle se trouvait dans Griffith Park. J’avais trouvé un immense séquoia, sous lequel je m’allongeais avant de respirer une dernière bouffée de l’air chaud de ma ville.

Parfois, avant de m’endormir, j’observais du coin de l’œil les quelques rares chiens qui venaient roder dans le parc. « Salut Snoopy », aboyaient-ils en passant. Je me grattais les oreilles, me léchais les pattes et remuais la queue une dernière fois, satisfait. C’était bien moi, le chien le plus cool de tout Los Angeles.

 

Tracklist:

  1. Bathub
  2. G Funk Intro (Feat. George Clinton, Dr.Dre & The Lady Of Rage)
  3. Gin And Guice (Feat. Daz Dillinger & David Ruffin’ Jr.)
  4. W Balls (Feat. Nanci Fletcher, Malia Franklin and Ricky Harris)
  5. Tha Shiznit
  6. Domino Intro
  7. Lodi Dodi (Feat. Nanci Fletcher)
  8. Murder Was The Case (Feat. Daz Dillinger)
  9. Serial Killer (Feat. D.O.C., RBX & Tha Dogg Pound)
  10. Who I Am? (What’s My Name?) (Feat. Jewell, Dr.Dre & Tony Green)
  11. For All My Niggaz & Bitches (Feat. Tha Dogg Pound & The Lady Of Rage)
  12. Ain’t No Fun (If The Homies Can’t Have None) (Feat. Nate Dogg, Warren G, Nanci Fletcher & Kurupt)
  13. Chronic Relief Intro
  14. Doggy Dogg World (Feat. Tha Dogg Pound, Nanci Fletcher and The Dramatics)
  15. Class Room Intro (performed by Shad Moss)
  16. Gz and Hustlas (Feat. Nanci Fletcher)
  17. Checkin
  18. Gz Up, Hoes Down (Feat. Hug)
  19. Pump Pump (Feat. Lil Malik)
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