Deux notes pour l’éternité.

Sampler Chopin n’est pas chose commode. Pas de grande prise de risque ici cependant : deux notes, samplés sur ce prelude No 4 en 5 mineur. Une prise de risque limitée. Pourtant, ces deux notes n’ont rien perdu de leur magie, 21 après. Immortelles.

Inattendu tout d’abord. NTM est indissociable de ses deux légendaires MCs. Ici néanmoins, Kool Shen est seul. Un monologue sur l’entièreté du morceau, un peu comme le titre « Method Man » sur 36 Chambers. On retrouve d’ailleurs Mr-Meth sur le refrain, accompagné par Keith Murray.

Quelle force, quelle puissance semble s’échapper de ce morceau en apparence si simple ? Sa simplicité, peut-être. Une tristesse profonde, promulguée au travers de ces deux notes de piano. Le flow ensuite. Léger, éthéré, presque calme. Pas d’accélération ou d’élévation dans la voix. Un rap filant droit au but, à savoir nous transporter le long de cette mélancolie sombre qui nous envahit. Un bleu foncé vient se dessiner sur le clair du ciel. Sur le bord d’un canal, le bleu noir du fleuve s’en vient couler, mouillant la voûte céleste au-dessus de nos têtes. Le calme du morceau semble avoir voulu éviter la voix râpeuse de Joey Starr pour n’accompagner que le flow serein et placide de Kool Shen.

Si l’on a régulièrement associé le style d’NTM à la violence, que ce soit dans leurs paroles, leur musique et même jusqu’à leur nom de scène, celle-ci se voit contrebalancé dans cette ode à l’amitié et à la vie de quartier. Derrière le bruit viennent se cacher les larmes intérieures.

« C’est vrai j’suis miné, mais déterminé à ne jamais vraiment lâcher l’affaire, qu’est-ce que tu peux faire ? »