Arrêt sur image
Stop. Arrêtez. Regardez. Un instant. Rien qu’un instant. Regardez.
Georgio est un montreur d’images. Les anglophones appellent ça le storytelling. Cela y ressemble. Mais ici, nous nous rapprocherions plus du documentaire que du film. La beauté de l’image est magnifiée par l’arrêt, et non pas uniquement dans l’avancement enchaîné de l’histoire.
Georgio est un réalisateur qui, caméra sur l’épaule, nous promène à l’intérieur de son monde. Dans ses images. En écriture, cette équivalence se trouve dans la poésie.
Le souffle du vent retire les feuilles de l’arbre
Elles lofent dans l’air, se balançant dans la vague
Le soleil de ses flammes réchauffe leurs nervures
Elles dansent une dernière fois
Dans un tourbillon de joie
Sur sa chaise un vieil homme
Observe le ciel paisible
Les oiseaux dans sa barbe grise viennent se lover
Et des larmes parfois sur son visage viennent couler
Quand dans son poing il serre ce qui s’en est allé
Le visage appuyé contre la vitre du train
Sous mes yeux courent des arbres, des champs et des forêts
Le temps dehors se presse mais ici ralentit
Il suit le train-train qui de la gare s’éloigne
J’ai rêvé que de partir mon mal se soigne
La jeune fille caresse ses cheveux de ses doigts fins
Ils sont noirs comme le ciel bien après minuit
Par la fenêtre elle voit la pluie qui tombe sans fin
Ses bras nus sont blancs comme l’aubépine au matin
Après la rosée le printemps va arriver
Le froid d’un vent du nord rejoint la chaleur d’un feu ardent. Le bonheur est indissociable du malheur. L’espoir ne naît que si l’on peut tuer le désespoir. Rien ne dure. Rien ne s’arrête.
Les références à la Russie sont importantes. Georgio, c’est un peu Raskolnikov cherchant à devenir Aliocha. C’est Akaki Akakiévitch à la recherche de son manteau, dans ce monde sombre, froid, obscur, désenchanté. Un environnement au service de la douleur.
Alors, Georgio va capter ces instants. Car la salvation se trouve en nous-mêmes. Elle se trouve dans l’instant. Car l’instant est la seule chose qui soit. Et l’instant, ce sont ces images. Ces images qui nous entourent. Celles que l’on observe en levant les yeux, en tournant la tête. Mais également les images enfouies en nous. Celles qui sont universelles. Car la réminiscence est universelle.
La douleur se trouve dans l’instant. Mais le bonheur s’y trouve aussi. Un visage. Un sourire. Une peur. Une joie. Un mouvement. Une main qu’on serre. Une plante que l’on arrache. Des cheveux que l’on caresse. Un paysage qui défile. Un poème de Maïakovski.
« Tu vois comme quoi on peut s’évader de différentes façons. »
Tracklist:
- L’espoir meurt en dernier
- Du bout de mes dix doigts
- Héra
- No future
- Brûle
- Svetlana & Maïakovski
- La terre, je la dévore
- La vue du sang
- Promis j’arrête
- Mama rita
- L’or de sa vapeur rouge
- Ici-Bas
- On rêvait tous de s’envoler