La Mélodie

Comment définirait-on un « classique » ? Un classique, c’est un escalier de fer, un couloir étroit et obscur. Au fond de ce couloir une porte entrouverte d’où nous parviennent les accords d’une musique qui en ce lieux nous paraît irréelle.

Cependant, la porte étant partiellement close, la Mélodie peine à s’échapper, étouffée par l’isolation phonique plaquée contre les briques d’argile et la porte blindée soigneusement recouverte de liège. La Mélodie n’est alors pour le moment qu’un sanglot ulcéré qui tente une piètre caricature d’un boxeur déchaîné convoitant l’oreille ensanglantée de sa victime. La bête réclame sa libération. Son état de douloureux gémissement lui est insatisfaisant. Elle ambitionne la position symbolique du muezzin appelant à l’ordre les disciples de son école qui s’inclinent sitôt que les vibrations de sa voix frappent leurs tympans.

La Mélodie a cependant été libérée un jour et depuis, ses fidèles ne se lassent pas de sa cantate. Maintenant qu’elle n’est plus restreinte par le volume que proposait la pièce, elle prend la carrure d’un guerrier menant son arme avec élégance. Ses gestes sont à la fois souples et abrupts. Dans ses mouvements, son sabre asphyxie les molécules d’air dans un vrombissement étrange caractéristique de son ensemble. Un regard stoïque, une émotion impassible, la Mélodie incoercible déconstruit les murs, comme entraîné dans une sombre frénésie qui le guide dans un combat dont la victoire a déjà été remportée.

C’est l’éternelle ballade métaphorique d’un voyageur crédule qui est témoin d’une flamme immolée et d’un fleuve noyé. Il s’agit d’un bourg où les incompatibles sont combinés, là où les antithèses deviennent synthèses, là où il est riche de sa pauvreté. L’incohérent est alors raisonné, bien que les signes tangibles prouvent le contraire. Lorsque ces lois inuniverselles sont acceptées, le voyageur pénètre désinvoltement alors un cosmos inconnu qui lui semble pourtant familier. Qu’il s’agisse de la langue parlée ou du décor subtilement charpenté, ce lieu semble similaire au notre. C’est un monde parallèle qui matérialise abstraitement ses métaphores.

20 années après sa libération, la Mélodie poursuit humblement son cheminement. Les plus vieux fidèles s’inclinent toujours lors de son entrée et les nouveaux baptisés s’endoctrinent de la tradition. La Mélodie a érigé de sa voix un sanctuaire que le temps ne pourra pas défaire. Il s’agit de l’Ecole du Micro d’Argent.

Tracklist:

  1. L’Ecole du Micro d’Argent
  2. Dangereux (Feat. Bruizza & Rahzel)
  3. Nés sous la même étoile
  4. La Saga (Feat. Sunz of Man)
  5. Petit frère
  6. Elle donne son corps avant son nom
  7. L’Empire du Côté Obscur
  8. Regarde
  9. L’Enfer (Feat. East & Fabe)
  10. Quand tu allais, on revenait
  11. Chez le mac (Feat. Nalini)
  12. Un bon son brut pour les truands
  13. Bouger la Tête
  14. Un cri court dans la nuit (Feat. Daddy Nuttea)
  15. Libère mon imagination
  16. Demain, c’est loin