Qu’ils le haïssaient ou qu’ils l’adulent, Floyd Mayweather a indéniablement marqué une génération d’aficionados de boxe. Avec une franchise et une confiance en soi rarement égalée, « Money » a suscité de variables réactions au sein du public pugilistique. En grand provocateur, il n’hésitait pas à proférer des paroles humiliantes et dérogatoires contre ses adversaires, ce qui avait pour effet que l’étiquette du bad boy lui fut rapidement assignée. A l’âge de 38 ans, après sa victoire contre Andre Berto, il annonce son départ du sport après près de 20 ans de carrière. Son palmarès exempt de toute erreur affiche « 49-0 »: 49 victoires pour aucune défaite. Historiquement, il a su égaler le palmarès du légendaire poids lourd Rocky Marciano qui mourut tragiquement dans un crash d’avion.

Plusieurs mois après sa retraite, des spéculations sur son retour se formulent. Un combat-retour contre son arch-nemesis Manny Pacquiao ? Une rencontre avec son équivalent du MMA Conor McGregor ? Bien que ces propositions semblent alléchantes, Floyd ne fera probablement pas de comeback. A 40 ans, un retour sur le ring est un risque téméraire que Mayweather ne prendra probablement pas. Il restera sûrement retraité et se concentrera sur la promotion de ses poulains sous la bannière de Mayweather Promotions : un secteur très lucratif qui porte bien moins de risques que de croiser les gants à l’intérieur du ring.

Maintenant que nous nous sommes assurés que Floyd restera sans doute retraité, il est désormais temps d’apprécier les exploits qu’il a exposé tout au long de sa carrière. Mayweather est un personnage qui a changé la boxe par son tempérament, son style et sa capacité à générer une cagnotte hors pair (avez-vous déjà oublié que Mayweather vs. Pacquiao a généré près de 400 millions de dollars ?!). Cet article a pour but de mettre en lumière quelques-unes des nombreuses compétences du « Pay-Per-View King ».

Jab

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Vs. Manny Pacquiao

Le jab. Le coup fondamental de la boxe. Floyd n’était pas particulièrement reconnu pour une puissance redoutable, mais son direct du gauche possédait suffisamment de nerf pour que ses adversaires le respectent. Que ce soit à la face ou au corps, il disposait souvent de cette arme, ce qui poussait ses adversaires à se retrancher derrière leur garde et à réétalonner leur attaque. Bien qu’un sérieux trouble-fête, Floyd n’a pas tendance à renchérir après avoir fait contact avec sa gauche. En effet, lorsqu’il utilisait son jab comme un geste défensif, enchaîner un autre mouvement offensif représente un risque considérable.

Direct du Droit

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Vs. Ricky Hatton

Comme il l’a été mentionné précédemment, Floyd n’est pas reconnu pour sa puissance. En revanche, sa vitesse était régulièrement louangée. Rare sont les occasions où il s’est retrouvé face à un adversaire plus rapide que lui. Cette vitesse explosive lui permet de dévoiler une de ses armes les plus redoutables : son direct du droit. Contrairement à la « norme », la droite de Mayweather ne nécessite pas une préparation généralement amenée par le jab. Lors d’un mouvement anodin, il lançait souvent sa droite au moment le moins attendu et atteignait donc souvent sa cible. Il semble important de mentionner que Floyd est le boxeur qui a le plus haut ratio du « nombre de coups lancés – nombre de coups touchés » de tous les temps et ce, grâce à la combinaison de sa vitesse affolante et une précision létale.

Crochet du Gauche

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Vs. Saul Alvarez

Floyd a principalement deux manières de lancer son crochet du gauche : lors d’un geste offensif et pour un « check hook », mouvement défensif. Pour le premier, comme pour son direct du droit, il exploite sa vitesse pour se lancer brusquement sur son adversaire. Ses opposants, hypnotisés par son jab autoritaire ne s’attendent pas au pivot soudain précédé par une feinte du jab. En ce qui concerne le « check hook », Floyd s’en sert pour échapper à un adversaire trop oppressant. Un challenger trop imprudent qui se lancerait en avant de manière démesurée sera probablement disposé à goûter ce coup. Le boxeur anglais Ricky Hatton, connu pour son style précipité et très offensif, s’en souvient probablement encore.

Jeu de Jambes

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Mayweather et le légendaire Rafael Garcia

Floyd a souvent été critiqué pour son jeu de jambes trop évasif. La voix de Ruben Guerrero (père et coach de Robert Guerrero) l’accusant d’avoir couru tout au long du combat résonne encore. Il faut savoir distinguer deux concepts dans cette notion : ceux qui courent et ceux qui se repositionnent. Floyd utilisait ses jambes pour se replacer au centre du ring et pour contrôler la distance. Il était effectivement plus enclin à combattre à une certaine distance plutôt que de manière rapprochée, de façon à éviter les affronts directs à coutre distance. Il faut cependant remarquer que Floyd n’utilisait que rarement ses jambes pour créer des angles d’attaques, contrairement à d’autres boxeurs tel que Vasyl « Hi-Tech » Lomachenko qui pivote avec aisance remarquable. Cependant, Mayweather a prouvé qu’il était un maître quand il s’agissait du contrôle de la distance.

« Shoulder Roll »

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Vs. Shane Mosley

La défense de Floyd était la pièce maîtresse de son arsenal hybride. Selon les statistiques, il serait le boxeur le plus difficile à toucher de tous les temps. Avec une défense impénétrable rappelant celle de Pernell « Sweet Pea » Whitaker ou encore celle de James Toney, Floyd excellait dans l’utilisation du « Shoulder Roll » que son père lui a enseigné. Nombreux sont les personnes qui se demandent pourquoi il boxait avec sa garde basse. L’explication est simple : une garde haute lui était inutile étant donné qu’il employait son épaule gauche comme une rempart défensive. Ce mouvement était souvent enchaîné par un direct du droit explosif qui était naturellement amené par une rotation du buste.

Le talent exceptionnel de Floyd ne réside pas nécessairement dans le fait qu’il possède une maîtrise absolue de chacun de ces aspects, mais dans son contrôle inconditionnel des notions fondamentales de la boxe. Sa compréhension du noble art dépasse la norme. Son application à la loi du « toucher sans se faire toucher » est impeccable. Il était seul dans sa ligue. Bien qu’il ait essuyé de nombreuses critiques, les amateurs de boxe savouraient – et savourent encore – inlassablement l’expression de son talent. Avec son départ, la boxe a perdu un grand guerrier. Néanmoins, grâce à des jeunes boxeurs tel que Keith Thurman, Vasyl Lomachenko ou encore Anthony Joshua, les avides amateurs du noble art peuvent se réjouir du futur de ce sport qui ne manque pas de nous surprendre.

« You don’t know shit about boxing. » – Roger Mayweather